Les deux Kivu en situation alarmante

Les provinces du Nord et Sud-Kivu ne cessent d’être les plus grands sites à problème de la RDC. Ocha a fait savoir dans un bulletin d’information distribué à la presse congolaise via message électronique que la province du Nord-Kivu connait, depuis le mois d’avril, 9 300 demandeurs d’asile burundais. Par contre, au Sud-Kivu, l’insécurité bat son record et touche actuellement les acteurs humanitaires.En effet, depuis fin avril, des demandeurs d’asile burundais affluent dans la plaine de la Ruzizi, dans la Province du Sud-Kivu, fuyant les tensions politico-sécuritaires liées au processus électoral en cours dans leur pays.
Selon le Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR), ils seraient déjà plus de 9.300 dont la plupart ayant moins de 17 ans à être arrivés dans les territoires de Fizi et Uvira. Le territoire d’Uvira accueille plus de 80% des demandeurs d’asile dont près du tiers dans la seule localité de Luvungi, augmentant davantage la pression sur les moyens de subsistance des autochtones.
Le HCR a, depuis début mai, regroupé 916 demandeurs d’asile considérés parmi les plus vulnérables dans trois centres de transit dont Kamvivira, Sange et Mongemonge, en attendant que les autorités désignent un site pour l’installation de l’ensemble des réfugiés.
Outre les demandeurs d’asile, on enregistre également le retour des Congolais, notamment des migrants économiques, vivant au Burundi. On estime à environ 100 000 le nombre de Congolais vivant au Burundi dont certains pourraient retourner si la situation au Burundi se détériorait davantage.
Selon la dite organisation humanitaire, plus de 90% de demandeurs d’asile vivent dans les familles d’accueil, partageant habitations et autres moyens de subsistance avec les communautés hôtes.
Ces dernières abritent déjà d’autres anciens réfugiés burundais, environ 9 000 personnes, ainsi que des personnes déplacées internes (plus de 107 000 fin mars). La crise liée à l’arrivée des demandeurs d’asile se superpose donc à celle latente liée aux mouvements de population, aux conflits intercommunautaires et à la pauvreté.
Attaque des humanitaires
Le contexte sécuritaire tendu dans les territoires de AU Nord-Kivu precisement à Rutshuru et Beni réduit de plus en plus l’espace humanitaire.
Plus de 275.000 personnes déplacées internes (PDI) dans les deux territoires concernés, dont 44 000 PDI réparties dans les 18 sites de déplacement du Territoire de Rutshuru, risquent d’être privées de l’assistance dont elles ont grandement besoin suite à la restriction de l’accès, indique Ocha.
Une série d’incidents au cours des dernières semaines forcent les humanitaires à se questionner sur la poursuite de leurs opérations dans un contexte sécuritaire aussi volatile et imprévisible sans mettre à mal les bénéficiaires.
Deux attaques contre des éléments des Nations Unies les 4 et 5 mai au nord du Territoire de Beni, la découverte de mines anti-char dans le Territoire de Rutshuru suivi de l’enlèvement de trois membres d’une ONG internationale partenaire de l’agence United Nations Mine Action Service (UNMAS) ne sont que quelques exemples d’évènements qui ont changé la dynamique sécuritaire.Ces incidents sécuritaires représentent des préoccupations majeures pour les humanitaires et pourraient être le signe que la situation sécuritaire prend un nouveau tournant. La possibilité que les acteurs humanitaires deviennent la cible directe des attaques n’est totalement écartée.
A cette nouvelle forme d’insécurité s’ajoute la montée de la criminalité ambiante, sur l’ensemble du Territoire de Rutshuru. De plus, de vives tensions fin avril entre les membres des communautés Hutu et Nande dans la région de Nyamilima (nord-est de Rutshuru centre) ont fait craindre des affrontements armés entre les deux communautés. La mise sur pied d’une commission de résolution pacifique des conflits entre les deux communautés a permis d’apaiser la situation.
Toutefois, la question profonde qui oppose les deux communautés n’est pas élucidée. Dans le Territoire de Beni, l’insécurité grandissante pourrait conduire à une restriction de l’espace humanitaire si les autorités n’arrivent pas à maitriser la situation rapidement.
Face à la montée de la criminalité et la poursuite des massacres, les organisations humanitaires se voient forcées de revoir quotidiennement leurs stratégies d’intervention dans les zones » chaudes « . En effet, plusieurs organisations ont suspendu leurs activités sur l’axe Oicha-Eringeti (nord de la ville de Beni) au lendemain des attaques contre des éléments de la Mission onusienne (Monusco). Dans le Rutshuru, les organisations doivent quotidiennement étudier le risque associé à la poursuite des programmes, ce qui a pour effet de handicaper lourdement les opérations.
Urgence
Alors que la situation sécuritaire continue de se détériorer, il devient urgent de mettre en place de nouvelles mesures de protection. Les plaidoyers pour des mesures de protection renforcées menés depuis plusieurs mois par la communauté humanitaire auprès des autorités locales n’ont pour l’instant apporté que des résultats très limités. Même si les autorités ont arrêtés certaines personnes présentées comme des criminels, la situation continue de se détériorer.
Cependant, pour la communauté humanitaire, les efforts déployés ne sont pas encore à la hauteur de l’ampleur de l’insécurité dans laquelle vivent au quotidien des dizaines des milliers de civils. Les humanitaires estiment donc nécessaire de renforcer les mesures de protection avant qu’il ne soit trop tard ; d’où la poursuite du plaidoyer auprès des autorités locales pour plus de sécurité.

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