Hormis l’UDPS d’Etienne Tshisekedi qui entretient encore le flou, l’opposition n’est pas prête à suivre Kabila sur la voie du dialogue. Dans l’opposition, nombreux sont ceux qui craignent que l’initiative du chef de l’Etat ne permette à ce dernier de gagner du temps et de réussir le pari du glissement du processus électoral. Etouffé dans l’œuf du fait des contradictions entre agendas des parties convoquées, le dialogue semble plombé. Toute la presse kinoise de ce mercredi 20 mai revient sur le sujet.

La tactique de la majorité au pouvoir a toujours été la même : répondre aux revendications de
l’opposition le plus tard possible, écrit Le Potentiel dans son éditorial. Si le dialogue politique est
réclamé depuis les élections de novembre 2011, c’est en avril 2015 que le Président de la République a
envoyé son émissaire contacter les principaux partis d’opposition. Leur réponse a été une fin de nonrecevoir
: « Un autre dialogue nous plongerait dans un piège d’enlisement pour déboucher sur le
glissement qui va nous plonger dans la violation de la Constitution », a affirmé Vital Kamerhe,
président de l’UNC, à l’issue d’une réunion tenue par les partis de l’opposition le 18 mai. « Il est
désormais évident que le dialogue initié par Joseph Kabila est mort-né. Le piège du glissement est trop
flagrant ».
Dans un autre article, Le Potentiel rappelle qu’en 2013, le chef de l’Etat convoquait à Kinshasa les
concertations nationales en vue de réfléchir, d’échanger et de débattre en toute liberté et sans contrainte
des voies et moyens suceptibles de consolider la cohésion nationale, de renforcer et d’étendre l’autorité
de l’État sur tout le territoire national. Deux mois ont été nécessaires pour aborder toutes les questions.
Plus de 600 recommandations et résolutions sont sorties de ces assises. “De toutes ces
recommandations, seule la mise en place d’un gouvernement dit de cohésion nationale a été
concrétisée en décembre 2014, soit plus d’une année après la clôture en octobre 2013 desdites
concertations. Depuis lors, toutes les résolutions et recommandations ont été reléguées au placard.
C’est de cela qu’à finalement émergé l’idée d’un dialogue politique”. Appelé de tous ses voeux par le
chef de l’Etat, ce dialogue politique se voulait comme un cadre d’échange en vue d’un processus
électoral apaisé. Dans une déclaration commune, tous ont rejeté unanimement la main tendue de J.
Kabila. “L’UNC et le MLC qui mènent la fronde se sont montrés plus intransigeants. Selon eux,
d’autres partis de l’opposition qui se sont joints à leur mouvement, le dialogue sollicité par le chef de
l’Etat est tout à fait inopportune”. Et le journal d’ajouter que “Vital Kamerhe voit dans cette initiative
un piège tendu par le pouvoir pour contourner le délai constitutionnel incompressible de 2016”.
L’opposition qui, hier encore, réclamait à cor et à cri le dialogue avec le Président de la République en
vue principalement de baliser le chemin des élections a brusquement changé d’avis, informe L’Avenir.
“Elle ne veut plus dialoguer, rejoignant ainsi le Président qui au départ était lui aussi opposé au
dialogue, faute d’en avoir défini les contours avec exactitude. Maintenent le paysage politque danse au
rythme d’une valse-hésitation”. Une fois encore, l’éternelle question de confiance se pose. Qu’est-cequi a changé entre temps au niveau d’une certaine opposition pour qu’elle rejette la main tendue du
chef de l’Etat ? Certains opposants sont d’avis que ce dialogue demeure important pour permettre par
exemple de négocier la libération de certains opposants et autres activistes des droits de l’Homme qui
sont toujours en prison.
Mardi dernier, l’opposition a officiellement réservé une fin de non-recevoir à l’offre de dialogue de
Joseph Kabila car elle subodore un stratagème du pouvoir pour ouvrir, à terme, une transition,
renseigne Forum des As dans son édition du jour. “Cependant, il faut relever qu’il s’agit d’une
certaine opposition, sans l’UDPS d’Etienne Tshisekedi qui a portant incontestablement la plus grande
assise avec plus de 40 députés”. Or cette UDPS-là n’a pas signé la déclaration de rejet du dialogue
projeté par le Président. “Aurait-on une opposition sans l’UDPS ?”, se demande le journal. Les raisons
qu’avancent les partis politiques d’opposition pour rejeter l’offre de dialogue de Joseph Kabila ne
résistent pas à l’analyse. “On ne voit pas comment il pourrait s’y prendre pour leur faire fermer les
yeux et obtenir une transition à son profit. Aurait-on à faire dans ce cas à des moutons de Panurge ou
à des responsables politiques qui savent ce qu’ils cherchent ?” Cependant, selon le quotidien, rejeter
en bloc le dialogue sans en proposer une moindre alternative étonne les observateurs les plus lucides.
“Toutefois, compte tenu du poids de l’UDPS, un dialogue politique est toujours possible entre le
pouvoir de Kabila et l’UDPS. Les résolutions qui en sortiraient seraient sans doute acceptées par la
majorité de la population qui se reconnaît aussi bien en Kabila qu’en Tshisekedi. Mais on n’en est pas
encore là. De toute évidence, on ne voit pas comment la RDC sortirait de l’impasse politique actuelle”,
conclut Forum des As.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Comment pouvez-vous faire un avortement avec pilules Misoprostol?

Forum économique RDC-Allemagne : opportunité pour Kinshasa d’attirer les investisseurs allemands

La deuxième édition du Forum économique du Nord-Kivu : la Province tend la main aux investisseurs pour un partenariat gagnant-gagnant