RD Congo : une fosse commune remet sur le tapis les répressions de janvier dernier

KINSHASA - Alors que la répression des manifestations des 19, 20 et 21 janvier 2015 semble être «
enterrée », voilà qu‟une fosse commune la ressuscite. 421 corps ont été découverts à Maluku situé à
100Km à l‟ouest de la capitale Kinshasa. Depuis cette découverte macabre les supputations vont bon
train. Certains accusent les autorités congolaises d‟avoir commis ces meurtres. Le gouvernement qui
confirme les faits se défend et parle plutôt d‟une procédure habituelle.
«Des hommes ont creusé un trou profond. Puis un camion s‟est tourné pour jeter les corps. Une fois
jetés, ils les ont ensevelis. En partant, le camion a eu des difficultés car il y avait du sang au sol »,
rapporte un habitant de Maluku qui a visiblement assisté à la scène de loin. A en croire le témoin, la
basse besogne a été opérée dans la nuit. « Ils ont donc un secret à cacher », conclut-il. En effet, c‟est
une opération qui s‟est déroulée en catimini mais qui a eu dû mal à cacher toute trace.
La découverte de cette fosse commune repose la question de la répression violente des manifestants. En
janvier dernier, les Kinois se sont levés pour protester contre le projet de loi visant à autoriser le
président Joseph Kabila à briguer un troisième mandat. Les forces de l‟ordre ont fait usage
disproportionné de la force. Il y a eu beaucoup de morts et de disparus. C‟est pourquoi certains
n‟hésitent pas à faire le lien entre les disparitions et les victimes de la fosse commune. Pour eux, les
corps découverts pourraient être ceux des manifestants disparus. « Jusqu‟à aujourd‟hui, plusieurs
familles qui ont perdu leurs proches lors des manifestations ne savent toujours pas où sont les cadavres
de leurs proches tués », fait savoir Ida Sawyer, chercheuse pour Human Rights Watch.
Du côté du gouvernement congolais, on ne semble pas ébranlé par cette découverte. « Le gouvernement
est prêt à autoriser l‟exhumation de ces corps », rassure le gouverneur par intérim de la province de Kinshasa Robert Luzolanu Mavema. Et d‟ajouter : « On a rien à cacher ». Cependant, les autorités
congolaises confirment avoir enterré 421 personnes dans cette nuit. Coïncidence ? A les en croire, c‟est
une procédure fréquente qui consiste à dépeupler les morgues. Dans la foulée des tensions, le
gouvernement a ouvert une enquête en entendant l‟exhumation des cadavres.