Processus électoral en RDC : entre doute et optimisme

Entre février 2015 et novembre 2016, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a prévu d'aligner successivement huit scrutins. Dans un premier temps, les élections municipales, urbaines, locales, provinciales et sénatoriales ainsi que celles des gouverneurs de province. Le cycle est sensé se clôturer en novembre 2016 par les élections législatives nationales couplées à la présidentielle. Pour y arriver, la CENI mise sur un budget de plus d'un milliard USD.
D'un côté, il y a la CENI convaincue de réunir tous les moyens pour respecter le calendrier électoral. De l'autre, il y a ceux qui craignent un probable glissement du cycle électoral du fait de l'incapacité supposée de la CENI à se conformer a calendrier électoral du 12 février 2015.
Ils doutent aussi de la capacité du gouvernement à mobiliser cette enveloppe colossale qui représente plus d'un dixième du budget national, arrêté pour l'exercice 2015 à environ 9 milliards USD. De surcroît, plus d'un mois après la publication en février du calendrier électorale, la classe politique congolaise a du mal à s'accorder sur les grandes options levées par la Centrale électorale. Ce qui constitue, de l'avis de certains observateurs, descraintes légitimes.
Calendrier électoral réaménagé
Craignant le pire, l'opposition s'est montrée plus réaliste en transmettant depuis quelque temps à la CENI son projet de calendrier électoral réaménagé. Dans ce projet de texte, elle propose qu'on postpose les élections municipales, urbaines et locales. Elle suggère à la CENI de réserver l'essentiel de ses efforts et de son budget aux élections primordiales qui consacrent l'équilibre des institutions.
L'onde d'inquiétude a fini par atteindre la majorité présidentielle où le discours de certains ténors va dans le sens de l'opposition. Ils parlent, comme Christophe Lutundula, président du MSDD, de « l'urgence et de la nécessité du réaménagement du calendrier électoral global en RDC. »
Le président de l'Assemblée nationale, Aubin Minaku, a promis d'inscrire le sujet à l'ordre du jour lors de la session d'avril. Sans empiéter sur l'indépendance constitutionnelle de la CENI, Minaku estime, qu'en tant que représentation nationale, l'Assemblée peut, par nécessité, recadrer l'action de la CENI pour éviter un éventuel blocage du processus électoral.
Est-ce pour autant que sa voix sera entendue ? Difficile à prédire. Toujours est-il que le calendrier électoral fait de plus en plus débat. La nouvelle loi sur le découpage territorial a aussi ravivé les inquiétudes. La difficulté à mettre en place les nouvelles provinces, en corollaire toutes les entités décentralisées et déconcentrées, pourrait, avance-t-on, compliquer la donne au niveau de la CENI. Ce qui expliquerait l'idée d'un rééquilibrage du calendrier électoral.
Chèque en blanc
Jeudi dernier, le Conseil de sécurité des Nations-Unies s'est longuement attardé sur le cycle électoral en RDC. Il a demandé au gouvernement « d'élaborer rapidement un budget et un code de conduite pour les élections et d'actualiser les listes électorales en toute régularité afin que les élections puissent se tenir dans les temps, en particulier la présidentielle et les législatives de novembre 2016 prévues par la Constitution. »
Cette déclaration est la preuve que dans les instances internationales, l'on continue de faire pression sur la CENI en vue de ne pas contourner, quelles que soient les circonstances, les législatives nationales et la présidentielle. Des contraintes, et non des moindres, persistent encore au niveau de cette institution citoyenne en charge des élections. Par ailleurs, d'aucuns se demandent si l'optimisme affiché par la CENI suffit pour lui accorder un chèque en blanc ? Seul l'avenir le confirmera.

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