Le découpage territorial demeure une gageure tant les contours de sa concrétisation n’ont été ni examinés ni rassemblés, notamment une programmation budgétaire. Depuis la promulgation de la loi y afférant, ce projet bat de l’aile et se révèle être un pari risqué non seulement pour le fonctionnement des institutions actuelles et futures mais également pour celui du processus électoral en cours.

Nombreux sont les experts qui estiment que le projet de découpage territorial est mal parti, renseigne Le Potentiel dans son édition du jour. “Le premier reproche qu‟ils formulent à cette initiative, somme toute inscrite dans la Constitution, c‟est la précipitation. Selon eux, le pouvoir en place est allé vite en besogne, et pourtant, soutiennent-ils, rien ne l‟empêchait de prendre tout son temps pour réunir tous les préalables à la matérialisation de son projet. Le deuxième reproche, c‟est l‟absence d‟une ligne budgétaire inscrite dans la loi de finances de 2015 relative au découpage territorial. Donc il s‟agit d‟une improvisation”, souligne le journal. En clair, le découpage territorial dans le cas d’espèce n’était pas opportun. Economiste de son état, Adolphe Muzito le relève dans une réflexion rendue publique récemment : “Pour n‟avoir pas mené avec succès la réforme des anciennes provinces, notre pays n‟a pas pu mettre en place des outils politiques, juridiques, comptables et financiers qui auraient pu l‟aider, à l‟étape actuelle, à réaliser avec succès l‟opération d‟installation des nouvelles provinces dans les délais et les formes prescrites par la loi de programmation”. Ancien Premier ministre, Adolphe Muzito indique que la grande difficulté qui empêche la réussite d’une répartition harmonieuse de l’héritage des provinces reste l’inexistence pour le pays d’un budget de l’Etat. Selon lui, “les nouvelles provinces seront victimes d‟une faillite congénitale. Cette difficulté sera aggravée”, renchérit-il, “par le poids des nouvelles charges que devront supporter les nouveaux budgets provinciaux, poids consécutifs au personnel politique additionnel (20.000 élus locaux) et aux institutions politiques qui résulteront des élections locales de 2015”. Canal7kinTV, dans son éditorial, affirme que “face au découpage décidé, il se dégage que le chemin est encore long et que le gouvernement s‟est démarqué de sa stratégie payante dans la conduite des affaires. En effet, d‟où tirerait-on des ressources financières pour assurer la réussite de l‟opération de découpage des provinces ? Dans le budget 2015, la part réservée à cette opération de grande envergure ne représente qu‟une portion congrue, en deçà des réalités infrastructurelles du terrain. Les moyens à mettre à disposition étant colossaux, sans allocations budgétaires prévues, il est quasiment impossible de mener à bien cette opération de découpage sans heurts majeurs. Par ailleurs, il est clair que le gouvernement ne pourrait s‟en sortir avec des inégalités criantes entre provinces. L‟Etat qui tient la caisse commune de la République doit déjà adopter des comportements qui vont dans le sens d‟offrir les gages d‟une répartition équitable et équilibrée des revenus récoltés. La solution de la caisse de péréquation et d‟une réelle rétrocession constitutionnellement prévues existe. Il suffit de l‟appliquer pour prétendre monter d‟un cran dans le découpage”. Et l’éditorialiste de conclure : “Quelle que soitla considération mise en avant, le fait pour le gouvernement de n‟avoir pas songé à consacrer des moyens conséquents au découpage est la preuve parfaite que la boussole qui guide l‟action gouvernementale est inopérante”. Forum des As, dans son éditorial, ne manque pas pour sa part d’ironiser : “L‟appât des nouvelles provinces commence à provoquer de l‟agitation. On assiste déjà à de la bousculade dans les rangs des candidats gouverneurs de province. Des roitelets s‟agitent, se bousculent au gré des nouveaux enjeux liés au découpage territorial. Parmi ces „candidats‟, on retrouve aussi bien des élus du peuple que d‟anciens ministres. Bref, des chômeurs politiques en mal de positionnement. Voilà donc qui explique l‟overdose au niveau des ambitions. Car, comme le veut la tradition en RDC, chacun veut gouverner dans son coin. Et les députés en mal de porte-feuille ministériel, tout comme des ministres honoraires, cherchent un nouvel emploi. Les ambitions sont certes légitimes tout comme le souci éternel de rapprocher l‟administration de l‟administré. Mais à l‟allure où vont les choses, on risque demain de déplorer les mêmes tares observées tant au niveau central que dans les provinces dans leur configuration actuelle. Avec des administrations démembrées, les roitelets risquent de se comporter comme nombre de gestionnaires des provinces actuelles. L‟engouement des roitelets en puissance n‟augure rien de bon”.
“Peu de gens ont fait attention à l‟étude publiée récemment dans les médias locaux par le Premier ministre honoraire, Adolphe Muzito, tout d‟abord sur l‟inexistence criante des provinces au Congo et ensuite sur le fait que ce pays, pourtant béni des dieux. fonctionne sans budget. Le point qui a fait le plus mal a trait à l‟absence d‟un esprit de solidarité dans la rétrocession par le gouvernement central des 40 % des recettes réalisées au profit de toutes les provinces. Selon ces études, les onze provinces reçoivent à peine 6 à 9 % de la rétrocession, ce qui les prive de moyens adéquats pour réaliser et soutenir les travaux de reconstruction et d‟investissements”, renchérit Le Phare. “A y regarder de plus près, la théorie des provinces dites riches par rapport aux autres dites pauvres n‟a pas de fondement ni politique, ni scientifique, ni sociologique, ni économico-financier et encore moins historique”, poursuit le quotidien. Le mérite de l’étude réalisée par Adolphe Muzito est d’avoir dénoncé la mauvaise répartition des ressources financières entre l’Etat central et les onze provinces existantes. “Dès lors que l‟on est de mauvaise foi pour consolider la solidarité nationale alors que l‟on en est encore à onze provinces”, l’ancien Premier ministr se demande à juste titre comment on gérer les vingt-six nouvelles. C’est ainsi qu’il a déploré deux difficultés majeures auxquelles va se buter le gouvernement central. La première sera de distinguer les éléments actifs de l’Etat et ceux des domaines des provinces à démembrer. Tandis que dans le second cas, le gouvernement central aura fort à faire avec la détermination des normes de répartition des éléments du patrimoine de la province à démembrer entre les nouvelles provinces.

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