Washington réaffirme son opposition au glissement en Afrique !

Pour sa toute première tournée africaine en 2009, à travers quelques Etats, dont ceux jugés comme les têtes de pont de la démocratie en Afrique (Ghana, Afrique du Sud), le président américain Barack Obama avait plaidé pour l’émergence d’Etats forts sur le continent, en lieu et place d’hommes forts. Cet appel explicite à la démocratisation de la vie publique en Afrique a été réitéré, cette fois avec force, lorsque la polémique s’est mise à enfler, en 2014, autour des velléités de certains Chefs d’Etat en instance de terminer leurs mandats de modifier les textes constitutionnels, dans l’intention bien arrêtée de se maintenir au pouvoir.
A ce propos, le Secrétaire d’Etat John Kerry avait eu à échanger, dans la première moitié de la même année, avec plusieurs Chefs d’Etat et membres des gouvernements africains, pour leur expliquer que l’administration américaine était fort préoccupée par le respect des constitutions et du nombre des mandats présidentiels. Lors du Sommet USA-Afrique, organisé au mois d’août 2014, avec la participation de plusieurs dirigeants africains, le trio Obama-Biden-Kerry a ouvertement battu campagne contre les mandats à vie.
S’agissant précisément de la RDC, du Rwanda et du Burundi, dont la fin des mandats présidentiels était annoncée entre 2016 et 2017 et où des tentatives de révision constitutionnelle étaient clairement affichées à travers des initiatives tantôt gouvernementales, tantôt parlementaires, l’Envoyé Spécial des USA dans les Grands Lacs, Russ Feingold, était sorti de sa réserve pour mettre en garde les autorités congolaises, rwandaises et burundaises contre toute modification constitutionnelle et toute prolongation de mandat présidentiel contre la volonté populaire. L’homme a fait figure de bête noire du gouvernement congolais jusqu’à sa démission.
Le discours de Washington n’a pas changé
Alors que l’on croyait, à un moment donné, que Russ Feingold faisait de l’excès de zèle et que Washington n’avait pas l’intention de s’ingérer des questions de politique intérieure africaine, l’on a vu le Secrétaire d’Etat John Kerry, en séjour au Kenya au début des manifestations populations contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza au Burundi, inviter les autorités burundaises à faire cesser les violences contre les manifestants pacifiques et à respecter la Constitution de leur pays la RDC.
            Et pour montrer que se trouve toujours dans le collimateur des USA, le Secrétaire d’Etat adjoint à la Démocratie, aux Droits de l’Homme et au Travail, Tom Malinowski a fait le déplacement de Kinshasa la semaine dernière, pour répéter, presque mot à mot, le discours que tenait Russ Feingold, à savoir que Washington est pour les respect strict de la Constitution et du calendrier électoral élaboré par la CENI, singulièrement dans son volet consacré aux élections présidentielle et législatives nationales (novembre 2016). Bref, les USA s’opposent à tout glissement de calendrier électoral non seulement en RDC mais en Afrique.
Et pendant que Tom Malinowski donnait des sueurs froides à certains acteurs de la scène politique congolaise, un autre diplomate américain, Rodney Ford, interpellait le président rwandais, Paul Kagame, au sujet de la fameuse pétition qui aurait recueilli plus de deux millions de signatures devant lui ouvrir la voie d’un troisième mandat. Usant d’un langage sec, il a souligné que les USA attendent impatiemment l’élection d’un nouveau président au Rwanda en 2017. Par conséquent, il n’est pas question de modifier la Constitution rwandaise.
L’Oncle Sam face  à des « neveux  rebelles » ?
            A l’époque de la guerre froide, lorsque les USA lançaient un mot d’ordre en direction des Etats qui étaient considérés comme leurs satellites en Afrique, leurs dirigeants obéissaient au doigt et à l’œil. Ceux qui osaient désobéir étaient frappés sans état d’âme, et remplacés sur l’échiquier continental par des pions plus malléables. Les temps auraient-ils changé ?  Nombre d’Africains commencent à se le demander, au vu de foyers de résistance qui s’observent ça et là. Manifestement, plusieurs Chefs d’Etat africains semblent décidés à passer outre les mises en garde des émissaires de Barack Obama.
            D’où, inquiets, de nombreux citoyens du continent voudraient savoir si l’engagement de l’Oncle Sam à faire respecter les textes et délais constitutionnels dans les Etats où des hommes forts ont tendance à jouer les prolongations, est sérieux et sincère. D’aucuns souhaiteraient que l’influence américaine, si elle existe encore en Afrique, puisse se traduire par des résultats concrets sur le terrain, à savoir l’émergence effective d’hommes politiques nouveaux, acquis à la culture de l’alternance au pouvoir et de la passation civilisée de témoin au sommet de l’Etat, en cas de défaite électorale ou d’épuisement du nombre de mandats. A cet effet, la sous-région des Grands Lacs va servir de test de vérité pour une administration américaine qui multiplie des discours sur le respect des Constitutions et des mandats présidentiels, sans pour autant enrayer la vague des candidats à la non limitation de mandats.

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