Guerre des six jours entre Rwandais et Ougandaisà kisangani province oriental : un crime oublié



Deux armées étrangères - celles du Rwanda et de l'Ouganda - s'étaient affrontées durant six jours à Kisangani, dans le nord-est de la RDC. Quinze ans plus tard, Dismas Kitenge, vice-président de la FIDH, dénonce un "crime de guerre rangé dans les oubliettes". Interview.Ce lundi matin du 5 juin 2000, les enfants étaient partis à l‟école, certains parents au marché ou au travail. Vers 9 heures, la guerre éclate à Kisangani, dans le nord-est de la RDC. D‟un côté, les forces de défense rwandaises (RDF), et de l‟autre les forces armées ougandaises (UPDF), soutenant chacune un groupe rebelle congolais.
Durant six jours, ces deux armées régulières se sont affrontées à l‟arme lourde dans un territoire étranger. Poussant les Nations Unies à reconnaître, pour la première fois, "la [violation] de la souveraineté et de l‟intégrité territoriale de la RDC".
Le diplomate congolais Christian Atoki Ileka, ambassadeur de la RDC en France, s‟en souvient. À l‟époque, il était conseiller à la mission diplomatique de la RDC à New-York. "Il y avait des images des combats de ces deux armées étrangères sur le territoire congolais : l‟Onu n‟avait pas d‟autres choix que de condamner le massacre de Kisangani", confie-t-il à Jeune Afrique, soulignant qu‟il avait participé à l‟élaboration de la résolution 1304 du Conseil de sécurité, adoptée le 16 juin 2000, laquelle avait exigé le retrait des forces rwandaises et ougandaises du territoire congolais.
Quinze années plus tard, seule l‟Association des victimes de la "guerre des six jours" se remémore encore cet événement tragique. Dismas Kitenge, président de l‟ONG Groupe Lotus, basé à Kisangani, et vice-président de la Fédération des ligues des droits de l‟Homme (FIDH), s‟insurge contre le silence de l‟État congolais, du Rwanda, de l‟Ouganda et de l‟Ouganda.
Jeune Afrique : Que reste-t-il de la "guerre des six jours" à Kisangani ?
Dismas Kitenge : La "guerre des six jours" à Kisangani, c‟est plus de 1000 morts, au moins 500 blessés et quelques 800 bâtiments détruits. Quinze ans plus tard, la population locale attend toujours des autorités congolaises et de la communauté internationale la vérité sur les circonstances qui avaient conduit à ces affrontements entre deux armées étrangères sur le territoire congolais.
Que répondent les autorités congolaises ?
La "guerre de six jours" a été commémorée aujourd‟hui à Kisangani dans l‟indifférence des autorités congolaises. Au regard de l‟ampleur des dégâts humains et matériels que ces affrontements ont causés, les victimes ne comprennent pas pourquoi le 5 juin n‟est pas considéré comme une journée de commémoration nationale. La journée n‟est même pas fériée à Kisangani. Les médias nationaux, le gouvernement, les institutions publiques n‟en parlent. Seule l‟Association des victimes a pris l‟initiative de rappeler ces événements tragiques qui ont endeuillé la ville de Kisangani.
La Cour internationale de justice (CIJ) avait pourtant rendu un arrêt en 2005 demandant à l’Ouganda de réparer le préjudice causé sur le territoire congolais…
La CIJ a reconnu que l‟Ouganda a violé le territoire congolais et l‟a demandé à réparer. Malheureusement, les négociations entre Kinshasa et Kampala destinées à trouver les modalités de cette réparation n‟ont jamais abouti. Puis, plusieurs événements ont poussé le gouvernement congolais à privilégier les relations diplomatiques au détriment des questions de justice. L‟arrêt n‟a toujours pas été mis en application.

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