Consultations présidentielles en RDC : « Calendrier électoral consensuel » et « libération des prisonniers politiques » exposés au chef de l’Etat

La « nécessité du dialogue », le  calendrier électoral consensuel », le « financement du cycle électoral 2015-2016 », la « libération des prisonniers politiques », la « réouverture des médias proches de l’opposition fermés » et la « nécessité d’un dialogue où les Congolais doivent se parler » ont été les principaux points abordés vendredi 05 juin 2015 à Kinshasa aux consultations menées par le président Joseph Kabila au Palais de la nation.

Le député Stève Mbikayi (opposition nationaliste), François Mwamba (Majorité) et l’ancien vice-président de la République, Z'Ahidi Arthur Ngoma (Cartel de l’opposition politique signataire de l’Accord de Sun City) qui ont été reçus à tour de rôle, ont à l’unisson devant soutenu le caractère incontournable d’un dialogue pour que les élections à venir soient « apaisées ».
« Nous, en tant qu’opposants, nous ne pouvons pas venir ici pour vilipender les collègues opposants. Nous sommes prêts à négocier entre Congolais. Nous allons participer au dialogue si et seulement si elles sont différentes des Concertations nationales. Et pour que ça soit différent, nous avons proposé qu’il y ait d’abord une commission préparatoire regroupant la Majorité, l’Opposition et la Société civile », a déclaré Stève Mbikayi.
Dans son entendement, « cette commission préparatoire devra produire les termes de référence du dialogue » où l’« on devra plancher autour des élections et de toute autre question qui fâche, sans tabous afin qu’on ait le vrai dialogue avant les élections (présidentielle et législatives) de 2016 ».
« Si on ne vient pas au dialogue et que la veille on vous dise qu’il n’y a pas d’élection, qu’est-ce que vous allez faire ? Il y aura glissement. Or, si nous dialoguons, on pourra voir dans quelle mesure éviter le report. Nous avons aussi demandé le report des élections locales, municipales et urbaines, faute de moyens », a-t-il dévoilé.
Stève Mbikayi a dit avoir « fait une proposition au chef de l’Etat de confier la mission des bons offices à Martin Kobler ‘Représentant du Secrétaire général de l’Onu en RDC) pour qu’il puisse contacter tous les opposants et les ramener dans le processus ».
« Un grand nombre d’opposant est dehors, ça sera des concertations nationales bis », craint-il.
Le coordonnateur national de l’Alliance pour le développement et la République (ADR), qui accompagnait son président François Mwamba, a affirmé que son parti « est venu dans sa posture républicaine répondre à l’appel du chef de l’Etat ».
« Nous sommes venus donner notre point de vue au Président (de la République). Il est bien entendu que la période qui est devant nous, qui est celle des élections, doit être apaisée. Et pour cela, nous croyons que les Congolais doivent se parler », a-t-il expliqué.
A son tour, le professeur Z’Ahidi Arthur Ngoma a déclaré que lui et son parti (Forces du futur) ne peuvent « pas être contre le dialogue. Avant 2011, nous l’avons sollicité mais nous n’avons pas été entendus » parce que « c’est au dialogue que tous les problèmes doivent être résolus par nous tous, ensemble ».
Interrogé sur la position de ceux qui refusent d’aller au dialogue, il a répondu  qu’« il faut continuer à parler avec eux et ils viendront ».
Un « calendrier électoral consensuel »
« Le calendrier électoral global des élections doit muer en calendrier consensuel. Telle est la demande formulée par le plus grand nombre ainsi que la révision du fichier électoral par rapport aux jeunes majeurs. Nous sommes venus dans une posture républicaine tout en ayant à l’esprit que la période électorale soit apaisée », a indiqué le coordonnateur national de l’ADR. 
Gérard Tumba a rappelé qu’« en 2006, quelqu’un (Jean-Pierre Bemba, président du Mouvement de libération du Congo) a été dégagé dans cette ville par les armes ».
« En 2011, il y a eu beaucoup d’agressions. Il y a des gens qui ont risqué leur vie.  Ce n’est pas la démocratie. Il faudrait que les élections soient organisées dans des conditions consensuelles. L’Accord-cadre d’Addis-Abeba est clair sur la tenue du dialogue. Il recommande à son engagement numéro 5 de +promouvoir les objectifs de réconciliation nationale, de tolérance, et de démocratisation+. La réconciliation étant comprise comme un objectif, nous avons indiqué au chef de l’Etat que le moyen pour y parvenir c’est le dialogue », a-t-il insisté.
Financement du cycle électoral
Le coordonnateur national de l’ADR, Gérard Tumba, s’est inquiété du fait que, « jusque là, le gouvernement n’a pas encore dit ce qu’il met sur la table de façon que le gap soit éventuellement comblé ».
« Nous sommes contre la main tendue à l’extérieure. Les élections sont un symbole de souveraineté nationale. Nous lui (président Joseph Kabila) avons dit ceci : nous sommes contre qu’on nous aide par l’étranger pour le financement des élections. Puisque, quand  les étrangers nous aident, ils nous imposent des présidents, des ministres. Et ça, nous ne sommes pas d’accord », a révélé le député Stève Mbikayi.
A son avis, « il faut qu’on puisse voir dans ce dialogue si l’Etat n’a pas assez de moyens  qu’on puisse créer un front populaire pour le financement des élections où les Congolais pourront volontairement cotiser 1000 Francs par mois pendant 10 mois ».
« Nous aurons l’argent nécessaire pour les élections. Le président a dit que c’est une matière à débattre au niveau de ce dialogue », a-t-il signalé.
Libération des prisonniers politiques, réouverture des médias fermés
Les trois délégations reçues vendredi au Palais de la nation ont dit avoir plaidé pour la « libération des prisonniers politiques » et la « réouverture des médias proches de l’opposition fermés ».
« En tant qu’opposants, quand nous venons ici ce n’est pas pour faire allégeance au chef de l’Etat. Si nous sommes opposants c’est parce que nous ne sommes pas d’accord avec la façon dont le pays est géré par la Majorité.  Je suis ici comme Opposition nationale et initiateur de la nouvelle classe politique et sociale. Mais aussi, j’ai utilisé mes capacités de syndicalistes pour négocier avec le président de la République la question de la libération des prisonniers politiques », a indiqué à la presse Stève Mbikayi.
Il a assuré que, « pour ceux qui ne sont pas condamné, une grâce présidentielle leur sera accordée ».
« Le chef de l’Etat a été pratiquement d’accord. Il m’a même demandé la liste des prisonniers politiques. Je me rendrai moi-même à la prison de Makala pour lui produire cette liste là », a-t-il souligné.
 « Nous avons sollicité que les médias proches de l’opposition qui avaient été fermés soient rouverts. Comme vous le voyez, nous ne sommes pas venus faire allégeance au chef de l’Etat. Nous sommes venus défendre nos positions parce qu’il est responsable de répondre à une convocation du chef de l’Etat  pour répondre aux problèmes congolais. Nous sommes très contents, très fiers, d’avoir arraché quelque chose », s’est réjoui Stève Mbikayi.

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