Déclaration des Fonus sur la situation qui prévaut entre le gouvernement de la RDC et la Monusco

Les «FONUS» et «DE.CO» sont perplexes au sujet de la position prise par notre Gouvernement pour le
départ de la MONUSCO de notre Territoire alors que l’apport de cette  dernière nous est encore
salutaire pour la sécurisation de notre Peuple.
Point n’est besoin de rappeler ici que si les forces Onusiennes sont arrivées chez nous, c’est suite à la
demande de la RDC et à cause de l’instabilité qui la guettait dans sa partie Est à travers les agressions
extérieures.
Nous ne saurons pas donner notre position dans ce dossier sans retracer ne fut-ce que de façon
succincte les quelques temps forts qui ont milité pour la présence des forces Onusiennes en RDC
jusqu’à ce jour.
En effet, après le génocide perpétré au Rwanda en 1994, près de 1,2 million de Hutus rwandais, dont
certains avaient pris part aux massacres, avaient fui vers le Nord-Kivu et le Sud-Kivu à l’Est de notre
Pays.
En 1996, les Tutsis Rwandais en appui aux troupes dirigées par Laurent Désiré Kabila avaient formé
les forces de l’Afdl et pénétré dans notre Pays pour renverser le Maréchal Mobutu. A la stupéfaction
générale, les troupes redoutables de Mobutu, la DSP ont été mises en déroute et pour la première fois
depuis plus de 30 ans, le pouvoir de Mobutu était ébranlé. Soutenu par plus de huit Pays de la Région,
L.D. Kabila entra triomphalement à Kinshasa le 17 Mai 1997.
En 1998, les accompagnateurs de L.D. Kabila insatisfaits du partage des intérêts ont créé un
soulèvement contre le Gouvernement dans les deux Provinces de l’Est où ils avaient, comme’ rebelles,
occupé une importante partie du Pays. Malgré le cessez-le-feu et l’interdiction faite aux États étrangers
à ne pas intervenir dans les affaires intérieures d’un autre Etat recommandés par Conseil de Sécurité, le
Rwanda et l’Ouganda ont continué à soutenir des mouvements rebelles et insurrectionnels et ils les font
même jusqu’à ce jour.
En juillet 1999, après la signature de l’accord de cessez-le-feu de Lusaka entre la RDC et cinq Etats de
la Région, nous citons l’Angola, la Namibie, l’Ouganda, le Rwanda et le Zimbabwe, le Conseil de
Sécurité a créé, par sa Résolution 1279 du 30 novembre 1999,  la Mission de l’Organisation des
Nations Unies en République Démocratique du Congo « MONUC » qui a vu ses taches se multiplier par la volonté d’une série des Résolutions ultérieures prises par le même Conseil de Sécurité en dehors
de celle du contrôle de l’accord de cessez-le-feu.
Le 30 juillet 2006, à l’occasion  des premières élections libres organisées dans le pays, 46 ans après
l’indépendance, Joseph Kabila a été élu Président de la République dans les conditions que nous
connaissons tous. C’est ici l’occasion de souligner que les Nations Unies ont contribué beaucoup dans
l’organisation de ces élections et même après. Elles sont intervenu en médiation politique, dans les
taches sécuritaires et celles relatives à l’Etat de droit et au renforcement des capacités dans certains
domaines stratégiques et vitaux pour notre Peuple ;
Au mois de juillet 2010, Compte tenu de la nécessité de la présence des forces Onusiennes dans notre
Pays pour consolider la démocratie naissante, le Conseil de Sécurité avait, par la Résolution 1925
(2010), transformé la MONUC en MONUSCO - Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la
Stabilisation en République Démocratique du Congo.
En 2011, en dépit de toutes les fraudes et tricheries qui avaient émaillé les élections, la MONUSCO
nous avait été d’une grande importance par rapport à la logistique et à la lutte contre les violations des
droits de l’homme et au maintien de la paix sur toute l’étendue du Territoire National.
C’est dans cette perspective que le Conseil de Sécurité avait décidé que les reconfigurations futures de
la Mission seront fonction de l’évolution de la situation sur le terrain, en particulier de l’achèvement
des opérations militaires en cours dans les Kivus et dans la Province Orientale, de l’amélioration des
moyens dont dispose le Gouvernement de la RDC pour protéger efficacement la population, et du
renforcement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire.
A notre connaissance, les efforts du Gouvernement ne sont pas encore arrivés au seuil du souhaitable.
De même, en dehors de tous les exploits des Casques bleus pour la stabilisation de l’Est, il faut dire que
cette partie du Pays est toujours en proie à des crises humanitaires chroniques et à des violations graves
des droits de l’homme, en particulier des violences sexuelles et sexistes. Le cycle de  violence est
entretenu par la présence persistante de groupes armés congolais et étrangers profitant de la vacance du
pouvoir et du vide sécuritaire qui caractérisent l’Est du pays, l’exploitation illégale des ressources,
l’ingérence de pays voisins, l’impunité généralisée, des affrontement intercommunautaires et
l’incapacité de l’armée et de la police nationales de protéger efficacement les civils et le territoire
national et de maintenir l’ordre public.
D’ailleurs, le Président de la République, lors de son dernier passage dans la Ville de Beni au nord
Kivu, a officiellement déploré les morts et demandé à la MONUSCO de protéger la population civile,
comme pour reconnaitre les insuffisances de notre armée quant à la sécurisation de la population.
Voilà pourquoi, déjà, le 24 février 2013 à Addis-Abeba, en Éthiopie, l’Accord-cadre pour la paix, la
sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et dans la Région a été signé par
les représentants de Il pays de la région, les Présidents de l’Union africaine, la Conférence
Internationale sur la Région des Grands Lacs, la Communauté de Développement de l’Afrique australe
et le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies. Ainsi , en soutien de l’Accord-cadre précité, le Conseil de Sécurité a adopté le 28 mars 2013 la
Résolution 2098 (2013) par laquelle il prorogeait jusqu’au 31 mars 2014 le mandat de la MONUSCO et
crée une « Brigade d’intervention» pour renforcer les opérations de maintien de la paix qui aura pour
responsabilité de neutraliser les groupes armés et pour objectif de contribuer à réduire la menace que
représentent les groupes armés pour l’autorité de l’État et la sécurité des civils dans l’Est de la RDC et
de préparer le terrain pour les activités de stabilisation.
La Résolution condamne fermement le Mouvement du 23 mars (M23), les Forces Démocratiques de
Libération du Rwanda (FDLR), l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et les autres groupes armés
ainsi que les violences et les atteintes aux droits de l’homme. Elle charge la nouvelle Brigade de mener,
unilatéralement ou conjointement avec les forces armées congolaises, des offensives robustes, en
faisant preuve d’une grande mobilité et adaptabilité dans l’optique de perturber les activités de ces
groupes. Cet objectif n’a jamais été atteint pour aussitôt demander le départ des forces Onusiennes.
Le 28 mars 2014, le Conseil de Sécurité, par sa Résolution 2147 a prorogé jusqu’au 31 mars 2015 le
mandat de la MONUSCO en République Démocratique du Congo et de sa Brigade d’intervention à
titre exceptionnel et sans créer de précédent ni sans préjudice des principes convenus du maintien de la
paix, dans les limites de l’effectif maximum autorisé de 19815 militaires, 760 observateurs militaires et
officiers d’état-major, 391 policiers et 1050 membres d’unités de police constituées.
Dans la même Résolution, le Conseil a noté la nécessité d’une stratégie de sortie clairement définie et a
décidé que les reconfigurations futures de la MONUSCO et de son mandat seront fonction de
l’évolution de la situation sur le terrain et des progrès vers la réalisation des objectifs fixés
conformément aux trois priorités énoncées dans le concept stratégique, à savoir la protection des civils,
la stabilisation et l’appui à la mise en oeuvre de l’Accord-cadre pour la République Démocratique du
Congo et la Région.
Au vu de ce qui précède, le mandat de la MONUSCO qui prend fin ce 31 Mars 2015 devra être revu en
fonction de l’évolution de la situation sur Terrain et la réalisation des objectifs fixés. Or, vous le savez
aussi bien que nous que la situation est alarmante, en dépit des traques des FDLR par notre
Gouvernement.
C’est pour cette raison que Monsieur Martin Köbler Représentant spécial du Secrétaire Général de
l’ONU en RDC a regretté la suspension de la participation des Casques bleus aux opérations conjointes
avec l’armée congolaise contre les rebelles des FDLR et appelé les autorités congolaises à rétablir la
coopération avec l’ONU ;
En tout état de cause, tout en reconnaissant la souveraineté de notre Pays, nous n’allons pas la
confondre aux humeurs des gens pour décider sans faire l’examen de tous les paramètres dans l’intérêt
de notre Peuple qui en est le Titulaire.
Comment comprendre, sans forfaiture et en dehors de tout referendum, s’agissant d’un problème de la
survie pour la nation, que le Gouvernement de la République organise le retrait des forces de la
MONUSCO et ce, à la veille des échéances capitales pour notre démocratie naissante! Nous pensons
qu’il s’agit d’une méprise qu’il faut rapidement rectifier pour la survie de la République.En rapport avec la souveraineté, l’article 5 alinéas 1 et 2 de Constitution de la RDC disposent que :
« La souveraineté nationale appartient au peuple. Tout pouvoir émane du «peuple qui l’exerce
directement par voie de référendum ou d’élections et «indirectement par ses représentants. «Aucune
fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer «l’exercice.
Aujourd’hui, c’est ce Peuple qui est exposé à l’insécurité et c’est lui pour  qui le mandat de la
MONUSCO a été prorogé et c’est pour lui encore qu’il sera tenu compte de l’évolution de la situation
sur le terrain et des progrès vers la réalisation des objectifs fixés dans la Résolution 2147 pour décider
d’un autre mandat. Dès lors, il ne faudrait pas que le Gouvernement ou le Président de la République,
selon le cas, décident sur le sort de tout un Peuple sous influence de leurs humeurs ou de leurs
tempéraments.
Il est donc souhaitable que la MONUSCO nous accompagne dans le processus d’alternance au pouvoir
jusqu’à l’installation du nouveau Président élu qui, avec son Gouvernement et l’appui des représentants
du Peuple, feront l’évaluation objective du maintien ou du retrait progressif de la MONUSCO.
Demander le départ de cette dernière alors qu’un processus électoral important nous attend et pendant
que les couleurs annoncées par la majorité au pouvoir ne rassurent personne lorsqu’on sait la tentative
malheureuse du glissement de mandat présidentiel, dans la loi électorale, gui a échoué au prix de sang
humain les 19, 20 et 21 Janvier 2015, c’est sacrifier le Peuple au bénéfice duquel, curieusement on
invoque la souveraineté. Malheureusement, la même tentative de glissement est encore en gestation
sous d’autres formes.
Tout ce que  nous pouvons dire aux dirigeants de la RDC, c’est rappeler à leur intention la mission
noble qu’ils ont de gouverner qui suppose aussi prévoir et de ne se laisser conduire et guider que par
l’intérêt général et non par des calculs politiciens en violation  de l’article 5 alinéas 1 et 2 de notre
Constitution précitée.
Nous avons encore frais à l’esprit des mauvais souvenirs de la « guerre» aux grandes conséquences
néfastes en pleine ville de Kinshasa entre les forces des deux challengers KABILA et BEMBA, après la
proclamation des résultats des présidentielles de 2006 sous Chars de combat. Heureusement que la
MONUC était présente, il faut le reconnaître.
Ce cas amer, parmi tant d’autres violations intentionnelles des droits de l’homme vécus à Kinshasa et
dans les Provinces de notre Pays en 2006 tout comme en 2011, ne nous permet pas d’accepter
immédiatement le départ de la MONUSCO avant la fin de ce processus électoral sans garanties
nécessaires prouvant l’amélioration des moyens dont dispose le Gouvernement  de la ROC pour
protéger efficacement la population et sa capacité de faire sentir l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du
Territoire comme le souligne la Résolution 2147 précitée.
Au Peuple congolais, souverain primaire, qui croit à notre lutte pour laquelle nous avons sacrifié toute
notre vie pour l’idéal de la démocratie et des droits de l’homme, nous demandons de soutenir et
d’accepter encore la présence de la MONUSCO pour nous accompagner dans l’alternance au pouvoir et
cela ne viole en rien notre souveraineté dès lors que c’est vous « Peuple » qui sortez victorieux et N’oublions pas qu’en sa qualité de Membre de l’ONU, la RDC et cette dernière sont liées aux prescrits
de l’article 24 point 1 de la Charte des Nations Unies qui dispose que : «Afin d’assurer l’action rapide
et efficace de l’Organisation, ses Membres (dont la RDC) confèrent au Conseil de sécurité la
responsabilité principale du 1IUIintien de la paix et de la sécurité internationales et reconnaissent qu’en
s’acquittant des devoirs que lui impose cette responsabilité le Conseil de sécurité agit en leur nom ».
Ainsi donc, pour terminer, il y a lieu de souligner que c’est au nom de la souveraineté que l’ONU était
invitée en RDC et pensons nous séparer dignement au nom de la même souveraineté, après qu’elle
(ONU)nous ait accompagné à l’alternance, c’est-à-dire à l’entrée du Président élu et au sortir de
l’ancien Président. Et c’est au Président élu et à son Gouvernement qu’incombera la charge d’évaluer
ensemble avec les amis de la MONUSCO ce qui reste à faire et ce qui est déjà fait pour une décision
responsable, en conformité avec la Résolution 2147 du Conseil de Sécurité.

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