CPI : l’ancien vice-président congolais Bemba fixé lundi sur son sort

Là, ils
avaient violé “tout ce qui se trouvait sur leur chemin”, tué et pillé la
population entre octobre 2002 et mars 2003, assure l’accusation. C’est le
quatrième jugement pour la CPI, fondée en 2002 pour juger les pires crimes
commis à travers le monde, et le premier contre un ancien vice-président. Accusé
de trois crimes de guerre et de deux crimes contre l’humanité, Jean-Pierre
Bemba a plaidé non coupable lors de l’ouverture de son procès en novembre 2010,
deux ans après son arrestation à Bruxelles.
S’il
est jugé coupable, sa peine sera décidée à une date ultérieure.
“Nous
espérons que ce jugement apportera des précisions sur la responsabilité des
chefs militaires pour les actions de leur troupes et leurs échecs à arrêter la
commission des crimes ou à les punir”, a affirmé à l’AFP Aaron Matta, un
chercheur à l’Institut de La Haye pour une justice mondiale. Selon
l’accusation, Jean-Pierre Bemba disposait du “contrôle effectif” sur ses
troupes et aurait dû arrêter la commission des crimes, ce que réfute la
défense.
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‘Sanglante’ ligne de commandement -
Selon
la défense, Jean-Pierre Bemba n’aurait pas pu garder “le contrôle opérationnel
effectif” de ses miliciens, qui ne faisaient pas partie de l’armée régulière et
qui se trouvaient dans un autre pays.Il n’y a “aucune preuve d’un ordre venant
de M. Bemba vers ses troupes en Centrafrique”, avait déclaré l’une de ses
avocates, Kate Gibson, lors de sa plaidoirie : “les thèses de l’accusation ne
sont que des hypothèses”.
Dès
qu’il a passé la frontière, le contingent des soldats de Bemba “a été placé
sous les ordres des forces de la République centrafricaine”, avait-elle ajouté.
Un
témoin avait raconté au cours du procès comment les soldats de Jean-Pierre
Bemba avaient violé une fillette de 8 ou 9 ans.
L’enfant
était “potelée”, avait-il raconté : “puisque la petite est encore … fraîche,
ils n’ont pas pris la maman, ils ont préféré la petite, ils l’ont violée devant
sa maman dans la maison”.
François
Bozizé avait finalement renversé Ange-Félix Patassé en 2003 avant d’être
lui-même renversé en mars 2013 par la rébellion à dominante musulmane de la
Séléka, ce qui avait précipité laCentrafrique
dans un cycle de violences intercommunautaires, culminant fin 2013 par des
massacres à grande échelle et le déplacement forcé de centaines de milliers de
personnes.
Un
verdict de culpabilité pourrait, selon M. Matta, “aider à améliorer la sécurité
et promouvoir la paix dans la région”.
Jean-Pierre
Bemba était ensuite devenu l’un des vice-présidents de Joseph Kabila avant de
perdre les élections de 2006 et de s’exiler en Europe.
Le
procès a été entaché d’accusations de subordinations de témoins, menant même à
l’arrestation de plusieurs proches de l’ancien vice-président et à l’ouverture
du premier procès de ce type à la Cour.
S’il
est jugé coupable, Jean-Pierre Bemba risque jusqu’à 30 ans de détention ou la
prison à perpétuité, si les juges estiment que l’”extrême gravité du crime” le
justifie.
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