Burundi : déception chez les manifestants après Dar es Salaam

Après le sommet de Dar es Salaam qui s'est tenu dimanche 31 mai en Tanzanie, les réactions des Burundais dans les rues des quartiers contestataires de Bujumbura sont amères. La question cruciale du troisième mandat du président Pierre Nkurunziza n'a pas été tranchée, ni même abordée par les chefs d'Etat de l'Afrique de l'Est. Les habitants se disent déçus et prêts à poursuivre les manifestations.
Dans les quartiers contestataires de Bujumbura, comme Cibitoké et Nyakabyga, c'est la déception. Mais c'est aussi la colère, après les recommandations a minima du sommet des Etats d'Afrique de l'Est. Les habitants espéraient un appel à abandonner le troisième mandat du président Nkurunziza. Le simple report des élections d'un mois et demi ne change rien à leur yeux.
« C’est une déception totale, parce qu’on a rien dit à propos de ce troisième mandat. Les présidents de la région n’ont pas de force pour convaincre Nkurunziza pour qu’il retire ce troisième mandat. Il faut que la communauté internationale nous aide pour qu’on puisse sortir de cette crise », comment un citoyen, interviewé par RFI.
«Déception totale », c'est l'expression qui revient aussi dans la bouche de cet autre habitant de Bujumbura : « on avait pas grand-chose à espérer là-bas. C’est la déception totale, totale. Trahison complète. Maintenant c’est rien. On va continuer à manifester, on va continuer à taper fort par nos moyens faibles. Mais la vérité finira par gagner. »
Une déception renforcée par l’absence du président burudais au sommet de Dar es Salaam. « C’est honteux, notre président devait être présent, parce que nous sommes dans le désespoir », estime une habitante.
« On est prêts à mourir »
Résultat, dans le quartier de Nyakabyga, tous promettent de redescendre dans la rue. « Nous manifestons pacifiquement et nous sommes prêts à mourir pour réviser le troisième mandat du président de la République. Il ya maintenant des violences. La police tire à balles réelles sur les manifestants pacifiques qui lèvent les mains. La communauté internationale doit intervenir pour arrêter ces tueries, ces comportements indignes de la police burundaise », s'indigne cet homme.
Un autre insiste : « Malgré les tirs on ne peut pas se retirer vraiment. Là, on est prêts à mourir pour qu'il puisse dégager et respecter l’accord d’Arusha, la Constitution. On va manifester jusqu’à la fin. »
Même son de cloche dans le sud de Bujumbura, dans le quartier de Musaga, l'un des épicentres de la contestation. « Je ne m’attendais pas à ça. J’attendais purement et simplement le départ de Nkurunziza et le report des élections. Le Burundi est au bout de la guerre, c’est une guerre qui a déjà commencé et nous avons déjà perdu beaucoup de gens dans ces manifestations. Et d’autres gens vont mourir demain ou après demain. Ça veut dire que nous allons avoir encore d’autres morts, c’est vraiment déplorable », s'insurge un habitant.

Chez les leaders de la contestation, la position est identique. Le retrait de la candidature du président à un troisième mandat est un préalable à toute discussion et à l’arrêt des manifestations.

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