Questions-réponses de la Conférence de presse « ONE UN »

La Conférence de presse conjointe des Nations Unies était animée par Félix Prosper Basse, porte-parole de la MONUSCO, à partir de Kinshasa ; le Commandant Jean-Marie Joseph Goncalves, porte-parole militaire a.i, à partir de Goma ; et Florence Marchal, Chargée de communication et Coordonnatrice du Groupe de Communication des Nations Unies (UNCG), intervenant à partir de Kinshasa.
La conférence a connu la participation de David Gressly, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies chargé des opérations à l’Est du pays ; de Jose Maria Aranaz, Directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH), à partir de Kinshasa ; de Daniel Ruiz, Chef de Bureau de la MONUSCO au Nord-Kivu, à partir de Goma.
Question 1
Venant Vudisa/ RTNC : Monsieur le porte-parole de la MONUSCO, c’est à vous que je m’adresse. Tout à l’heure le porte-parole militaire a dans l’économie de la situation sécuritaire, révélé qu’il y a eu des attaques perpétrées par les éléments de l’ADF contre la population de Beni. La question que je me pose est celle-ci : les éléments de l’ADF se sont-ils rebellés contre le pouvoir de Kinshasa ou de Kampala? Parce qu’on n’a jamais entendu qu’ils ont attaqué en Ouganda, mais ils ne s’attaquent qu’à la population congolaise, notamment celle de Beni. D’où la question de savoir : se sont-ils opposés au pouvoir de Kinshasa ou de Kampala ?
Porte-parole de la MONUSCO [Félix Prosper Basse]: Merci. Très bien, vous l’avez dit très bien vous-mêmes dans votre réponse, l’Alliance des Forces Démocratiques est un groupe rebelle ougandais qui s’est installée depuis une vingtaine d’années ici au Nord de la province du Nord-Kivu, à savoir vers les montagnes de Ruwenzori, et particulièrement dans le territoire de Beni où comme vous le savez, ce groupe rebelle commet beaucoup de violations contre les populations civiles.
Vous savez le mode opératoire qui avait été initialement observé au niveau de ce groupe armé, c’était plutôt des activités liées au kidnapping. Mais comme vous le savez aussi, depuis plus d’une année aujourd’hui, les FARDC ont lancé depuis le 2 janvier 2014, une opération contre ce groupe armé qui a été baptisée « Sukola 1 ».
Juste pour rappel, il faut louer au passage le courage de tous ces vaillants soldats des FARDC qui ont été soutenus par la MONUSCO entre autres, et qui ont permis de démanteler tous les bastions qui étaient initialement tenus par ce groupe armé dans le territoire de Beni. Je vais juste citer quelques bastions notamment Madina, Makoyoba 1 & 2, Mutwanga, Mwenga, Nobili, Kamango, etc.
Donc, je disais une fois que ces opérations ont été menées et que la pression militaire a été fortement exercée sur ce groupe armé, ils [éléments] sont partis un peu en désorganisation et en groupuscules.
Ce qu’il faut louer, c’est que tout ce que les FARDC ont fait pour retirer ceux parmi les otages qui avaient pu être récupérés, parce qu’il faut signaler qu’ils ont porté tous ces otages à dos d’homme en se frayant un passage à la machette pour pouvoir les amener au niveau de la base de Semiliki, où la MONUSCO avait [déployé] une base logistique qui permettait de prendre en compte tout de suite ces gens-là et éventuellement les évacuer par hélicoptère.
Donc, c’est un groupe qui au début quand c’était l’ADF-NALU, [ses éléments] ont eu à mener quelques opérations, des explosions de bombes à Kampala et dans certaines localités de l’Ouganda. Mais comme vous l’avez si bien dit, depuis fort longtemps, leurs activités sont limitées à la RDC où des massacres inouïs, innommables sont commis depuis tout le temps.
Donc, je peux dire qu’il faudra une coalition, une fédération des efforts ou des intelligences, une mutualisation éventuellement des moyens pour continuer à combattre ce groupe armé.
Directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme [Jose Maria Aranaz] : Peut-être que je peux ajouter que dans notre rapport présenté au mois de mai, sur les violations dans le territoire de Beni par les éléments de l’ADF, on a constaté presque 300 personnes, des civils ont été assassinés brutalement et de manière systématique.Au cours du premier semestre de l’année, on a documenté plus de 100 violations des droits de l’Homme et 278 victimes dans les territoires de la RD Congo. C’est pour cela qu’on a demandé, dans le cadre de l’arrestation et l’extradition de Jamil Mukulu en Ouganda, qu’il faut le tenir responsable de tous les crimes commis en RDC.
Question 2
Théodore Ngandu/ Radio et Télé 7 : Human Rights Watch a, à travers une déclaration demandé au Gouvernement et à la MONUSCO d’extrader ou d’arrêter Sylvestre Mudacumura, leader des FDLR. Qu’est-ce que la MONUSCO répond à Human Rights Watch par rapport à cette demande ?
Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies chargé des opérations à l’Est du pays [David Gressly] : Merci. Je crois c’est déjà connu que dans notre mandat on a les possibilités de [procéder à l’arrestation] des personnes comme celui-là [Sylvestre Mudacumura]. On va continuer de collaborer avec le Gouvernement et si on a les possibilités de [procéder à une telle arrestation] avec la collaboration du Gouvernement, on est bien prêt à le faire. Cela [correspond] à notre mandat. On est prêt, mais le fait qu’on ait fait appel [au Gouvernement et à la MONUSCO] n’est pas suffisant, on doit en avoir aussi l’opportunité et on va poursuivre ça aussi.
Porte-parole de la MONUSCO [Félix Prosper Basse]: Merci. Comme l’a si bien rappelé le Représentant spécial adjoint, ceci entre dans le cadre de notre mandat tel que conféré par la Résolution 2211 [du Conseil de sécurité des Nations Unies], qui consiste à apporter tout notre soutien et à contribuer avec les autorités congolaises à l’arrestation de tous ceux qui sont responsables des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité. Et à ce titre, vous le savez très bien que Sylvestre Mudacumura est responsable de plusieurs violations, meurtres, viols, etc. C’est à cet effet d’ailleurs que la Cour pénale internationale avait lancé un mandat d’arrêt contre Sylvestre Mudacumura.
Toutefois, je pense que peut-être mon collègue de la CPI [le porte-parole] pourra compléter concernant justement ce mandat d’arrêt. Mais je peux vous dire deux choses : un, Sylvestre Mudacumura est à la tête d’un groupe rebelle rwandais qui s’appelle les «Forces Démocratiques de Libération du Rwanda » (FDLR) qui sont en RD Congo depuis une vingtaine d’années et qui de manière récurrente, de manière systématique, de manière quotidienne à la limite, est en train de perpétrer avec ses hommes, de sérieuses violations des droits de l’Homme.
Donc, ce qui fait que son arrestation devient une nécessité impérieuse. Et à ce titre, la RDC qui est membre signataire du Statut de Rome, qui a reçu pour mandat de la CPI d’arrêter Sylvestre Mudacumura peut compter sur tout le soutien la MONUSCO pour l’accompagner dans ce processus-là afin de mettre un terme à toutes ces exactions.
Mais je signale aussi au passage, que Sylvestre Mudacumura est bien retranché dans son bastion et c’est à titre que nous ne cessons de faire un plaidoyer pour que la MONUSCO puisse de manière précise, de manière déterminée, de manière engagée prendre part aux opérations « Sukola 2 » qui consistent à traquer les rebelles des FDLR. Donc, la MONUSCO est prête à accompagner ce processus, et nous partageons les mêmes préoccupations que Human Rights Watch ; nous poursuivons le mêmes objectifs, c’est de mettre fin à l’impunité.
Porte-parole de la Cour pénale internationale [Paul Madidi] : Merci. C’est juste pour rappeler que ce mandat a été émis en 2012. Et il est reproché à monsieur Sylvestre Mudacumura sa responsabilité pénale en tant que co-auteur indirect au sens de l’article 25 du Statut de Rome de neuf chefs de crime de guerre qui auraient été commis entre 2009 et 2010 dans les provinces des Kivu, en RD Congo. Je peux donc donner très rapidement les charges dont il est question : meurtres, mutilations, traitements cruels, tortures, atteintes à la dignité de la personne, attaques contre les populations civiles, pillages, viols et destruction des biens.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Comment pouvez-vous faire un avortement avec pilules Misoprostol?

Forum économique RDC-Allemagne : opportunité pour Kinshasa d’attirer les investisseurs allemands

La deuxième édition du Forum économique du Nord-Kivu : la Province tend la main aux investisseurs pour un partenariat gagnant-gagnant