RDC : Kinshasa renoue avec la mission de l’ONU



C’est un accord gagnant-gagnant. Après un an de brouille, la République démocratique du Congo et la Monusco, la force de maintien de la paix des Nations unies ont enfin trouvé un terrain d’entente. Kinshasa a réussi à imposer ses conditions de coopération militaire à la Monusco, et cette dernière a pu réaffirmer la nécessité de son existence. Trois jours après l’accord signé entre la RDC et la Mission de l’ONU sur la reprise totale de leur coopération militaire, le général sud-africain Derrick Mbuselo Mgwebi a officiellement pris ses fonctions lundi 1er février à la tête de la Monusco. Sa nomination, le 29 décembre 2015, est le dernier geste d’apaisement des Nations unies dans la crise qui l’a opposé aux Forces armées congolaises (FARDC). La signature de l’« arrangement technique », d’une durée de six mois, intervient à deux mois du renouvellement du mandat de la Monusco, qui compte quelque 20 000 hommes en uniforme.
En janvier 2015, une opération conjointe de l’armée congolaise et des Casques bleus avait été avortée après que deux généraux congolais ont été accusés par l’ONU de graves violations des droits de l’homme. Les déclarations du chef de la force onusienne de l’époque, Martin Kobler, arguant qu’il ne pourrait pas collaborer avec les forces armées congolaises tant que les deux généraux soupçonnés, Sikabwe Fall et Bruno Mandevu, étaient encore en poste, avaient provoqué la colère de Kinshasa, qui dénonçait une « ingérence ». En réponse, les autorités congolaises avaient décidé de mener seules l’assaut contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), des rebelles hutus rwandais dans l’est du Congo.
Ce n’est qu’après plusieurs gestes de l’ONU, notamment la nomination d’Africains à la tête de la mission, que la RDC a accepté d’envisager la reprise de la coopération. La prise de fonction du général Derrick Mbuselo Mgwebi s’ajoute ainsi à celle, en octobre 2015, du Nigérien Maman Sidikou. Le secrétaire général de l’ONU, Ban ki-Moon, a également proposé le départ de 1 700 casques bleus, alors que Kinshasa ne cesse de plaider pour une réduction de cette force de maintien de la paix. Le Conseil de sécurité décidera en mars s’il valide ce retrait, qui s’ajouterait alors au 2 000 casques bleus dont le départ avait été acté en 2015.
« Coexistence »
Par ailleurs, le général Fall, officiellement en « congé annuel », reste commandant de la 34e région militaire au Nord-Kivu tandis que, dans la même province, le général Mandevu dirige les opérations Sukola II, qui ciblent notamment les FDLR. « Depuis plusieurs mois, la Monusco avait abandonné les charges contre ces deux officiers » faute d’accusations solides, confie un haut responsable de l’armée congolaise.
L’accord indique que la « conditionnalité » invoquée par Martin Kobler ne devra plus être un « frein aux opérations appuyées par la Monusco », laquelle devra aussi prouver son « efficacité », qui sera évaluée périodiquement. « La “réconciliation” est plutôt une coexistence pacifique, confie un haut fonctionnaire de l’ONU basé à New York. Le secrétaire général [de l’ONU] a décidé de calmer le jeu avec Kinshasa » pour que la Monusco puisse se focaliser sur la protection des civils et « éviter d’acculer » le gouvernement alors que le climat est déjà très tendu, l’opposition accusant Joseph Kabila de vouloir s’accrocher au pouvoir.
Car cette année de litige entre la Monusco et les FARDC a favorisé la résurgence de certains groupes armés. Depuis octobre 2014, la rébellion musulmane ougandaise des Forces démocratiques alliées (ADF) aurait massacré environ 500 personnes dans la province du Nord-Kivu. « Tout le monde convient que l’ADF est une menace de première ordre », souligne un haut responsable de l’armée, mais la traque se fera « simultanément » avec celle des FDLR. Le tour des autres groupes armés rebelles viendra après. La brigade d’intervention de l’ONU (FIB), au mandat offensif, est appelée à contribuer largement « en coordination avec les Forces armées de RDC », indique l’accord. Qui précise que la communication de la Mission « devra les mettre en exergue » et être menée « en priorité par leurs porte-parole » 

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